Sans un mot
Disparue. Volatilisée. De nos vacances avec grand-mère, ne restaient plus que la chaise dans laquelle elle avait passé le plus clair de son temps, et le napperon qu’elle avait pris la peine de confectionner. Puis plus rien. Elle est partie sans un mot, marque de son plus haut mépris, ses lunettes aux verres fumés de dictateur sur le nez. Grand-mère ne supportait pas de vieillir, elle avait encore du désir, en particulier pour Tom Jones.
"Images-lucioles"
« Les lucioles, il ne tient qu’à nous de ne pas les voir disparaître. Or, nous devons, pour cela, assumer nous-mêmes la liberté du mouvement, le retrait qui ne soit pas repli, la force diagonale, la faculté de faire apparaître des parcelles d’humanité, le désir indestructible. Nous devons donc nous-mêmes – en retrait du règne et de la gloire, dans la brèche ouverte entre le passé et le futur – devenir des lucioles et reformer par là une communauté du désir, une communauté de lueurs émises, de danses malgré tout, de pensées à transmettre. Dire oui dans la nuit traversée de lueurs, et ne pas se contenter de décrire le non de la lumière qui nous aveugle. »
(« Survivance des lucioles », Georges Didi-Huberman, Editions de Minuit, octobre 2009)