Vide-pensée
Il fallait un vide-grenier, comme un vide-pensée, de la misère en vente, du goût formaté. Plus de pièces de collection, mais des produits Ikea pour quelques euros, et des trophées de bêtes, de "l'art loisir". On ne cherche plus la bonne affaire. On attend simplement que le temps passe dans un faux accent de convivialité, dont on a désormais le secret. Et pour finir, un ou deux étals, comme autant d'intérieurs modestes à fouiller d'un regard distrait.
Mon père
Il fallait bien un vieux roi, pour ce royaume de folie. Un sage mutique, à la couronne de papier. Mon père, qui figure ici, depuis ses années profondes, ses espaces pliés. La beauté de ce visage et des grandes mains, d'une gourmandise encore de mise... Là où plus rien que l'inquiétude et le temps qui se défait... Et lui, peuplant mes rêves de son affection lointaine. A qui je parle encore, comme s'il était là, comme s'il me garantissait quelques retrouvailles, au bord de la mer, lors d'une longue marche. Toujours là, de son empreinte façonnant mon enfance, comme un lieu rêvé, magique. Il est l'initiateur des grands rites. Il est celui devant qui l'on se prosterne, image sur l'autel des ancêtres.