Pays
9 Octobre 2019 , Rédigé par Clotilde Escalle
Le velours des collines, auquel répond le dos duveteux des vaches. On les voudrait là pour toujours au lieu de l’abattoir. Au loin une ferme et sa dépendance au toit de tuiles écroulé, les arbres ont poussé là-dedans, éden minuscule enserré de murs épais, où se lovent vipères et couleuvres. Toujours un souffle frais, de l’herbe à laquelle accrocher le regard, l’orée d’un bois, l’eau de la source. Puis remonter vers les champs paillés, revenir lentement, en épousant les courbes du chemin, jusqu’à la maison, se retourner, emporter les étangs et le colza, jaune acide qui pique les yeux, le maïs et ses corbeaux, le cri des outardes, le soleil couchant crevant les nuages d’un rouge fuchsia insensé. Encore une fois. Les collines courent au plus loin du regard. Repérer la présence furtive d’un renard, un passage aussi bref qu’une hallucination. Peupliers mangés par le gui. Allons au bord du ruisseau échanger des baisers. De tendres baisers, comme dirait la chanson.
Puis les étoiles filantes. La nuit emplit la bouche de ses sorts, pleine lune, cils coupés, la mort souhaitée des uns et des autres, de la vengeance à petits moyens. De tout temps des poupées aux têtes bourrées d’épingles, comme si l’on pouvait hâter les destinées.
Étés trop chauds et hivers neigeux. Mais ça dure, c’est l’essentiel.