Evidence
16 Mai 2012 , Rédigé par Clotilde Escalle
« Si Balzac, si Stendhal, Zola ou même Faulkner ont, avant de se mettre à écrire, une idée ou des idées à communiquer (à « exprimer » comme l’on dit) sur le sens de la vie, le monde, la société, pour moi, écrire, c’est seulement chercher par et dans cette langue qui me constitue en tant qu’être parlant et pensant, comment s’associent les éléments apparemment dispersés de ce magma d’émotions, de sensations et de souvenirs qui me constituent en tant qu’être sensible et dont, curieusement, deux auteurs aussi différents que Flaubert et Tolstoï parlent en termes à peu près semblables, c’est-à-dire que toutes ces remémorations, pensées et sensations se présentent à la fois, « en nombre incalculable » (Tolstoï) et par « fragments détachés » formant des combinaisons (Flaubert).
(Quatre conférences, Claude Simon, Editions de Minuit, 2012)