"Le fil perdu du roman"
24 Juillet 2014 , Rédigé par Clotilde Escalle
« Le tout est maintenant dans les détails. Il est dans le souffle commun qui emporte la succession de ces événements sensibles libérés des chaînes de la causalité. Il n’est plus dans l’équilibre des parties de l’intrigue. Il est dans le travail de l’écriture, dans ce « style » qui n’a justement plus rien à voir avec les agréments et les ornements du discours épidictique puisqu’il traduit la vie même du tout, le souffle impersonnel qui tient ensemble les événements sensibles et leur fait produire ces condensations singulières qui s’appellent désir ou amour. La démocratie fictionnelle met alors en œuvre une forme bien spécifique d’égalité : l’égalité des phrases dont chacune porte le pouvoir de liaison du tout, le pouvoir égalitaire de la respiration commune qui anime la multitude des événements sensibles. »
(Jacques Rancière, Le fil perdu, Essais sur la fiction moderne, Editions La Fabrique, 2014)