Etes-vous comme moi?
Avez-vous la sensation de perdre votre qualité citoyenne pour vous fondre dans la masse d’un peuple sans voix ?
(Toutes affaires personnelles mises à part…)
Aventure
Ludwik Flaszen, cofondateur du Théâtre Laboratoire avec Jerzy Grotowski, et qui a été mon maître au théâtre, a publié en septembre 2015, Grotowski et compagnie, aux Editions l’Entretemps. Cette remarquable aventure me permet de le retrouver et de témoigner combien son enseignement, organique et insolite, m’a donné le goût de l’écriture, comme un voyage intérieur, aux frontières floues, parfois dangereux, mais fort de sa nécessité et de sa liberté. Le lire aujourd’hui fait un bien fou. À propos du théâtre, mais cela pourrait éventuellement s’appliquer à la littérature, il écrit: « Notre époque n’a pas de théâtre, notre époque a des représentations. Pour qu’existe le théâtre, il ne suffit pas de reproduire des représentations, faibles, convenables ou remarquables. Les époques théâtrales sont celles où on se demande : pourquoi le théâtre ? Et on y répond sans faire l’acte qui serait à la fois art du théâtre et autre chose qui le transcenderait. Les époques non théâtrales, comme la nôtre, ne se posent pas de questions fondamentales, elles tombent à genoux devant le Dieu de la Production. Elles pratiquent un art qui n’est que théâtral, sans son contraire dynamique qui est sa transgression. Et elles produisent des représentations par la force de l’inertie en se référant à des valeurs éternelles et des pratiques traditionnelles, ou à des valeurs éternelles et à des pratiques modernes, en comptant sur l’instinct de jeu, de fête et d’imitation. Il peut en sortir quelque chose : une soirée joyeuse ou émouvante, à moins que ne triomphe le service de la Parole. »
A tous les donneurs de leçons...
SAMUEL BECKETT, LETTRE À MICHEL POLAC, janvier 1952
« Vous me demandez mes idées sur En attendant Godot, dont vous me faites l’honneur de donner des extraits au Club d’essai, et en même temps mes idées sur le théâtre. Je n’ai pas d’idées sur le théâtre. Je n’y connais rien. Je n’y vais pas. C’est admissible. Ce qui l’est sans doute moins, c’est d’abord, dans ces conditions, d’écrire une pièce, et ensuite, l’ayant fait, de ne pas avoir d’idées sur elle non plus. C’est malheureusement mon cas. Il n’est pas donné à tous de pouvoir passer du monde qui s’ouvre sous la page à celui des profits et pertes, et retour, imperturbable, comme entre le turbin et le Café du Commerce. Je ne sais pas plus sur cette pièce que celui qui arrive à la lire avec attention. Je ne sais pas dans quel esprit je l’ai écrite. Je ne sais pas plus sur les personnages que ce qu’ils disent, ce qu’ils font et ce qui leur arrive. De leur aspect j’ai dû indiquer le peu que j’ai pu entrevoir. Les chapeaux melon par exemple. Je ne sais pas qui est Godot. Je ne sais même pas, surtout pas, s’il existe. Et je ne sais pas s’ils y croient ou non, les deux qui l’attendent. Les deux autres qui passent vers la fin de chacun des deux actes, ça doit être pour rompre la monotonie.
Tout ce que j’ai pu savoir, je l’ai montré. Ce n’est pas beaucoup. Mais ça me suffit, et largement. Je dirai même que je me serais contenté de moins. Quant à vouloir trouver à tout cela un sens plus large et plus élevé, à emporter après le spectacle, avec le programme et les esquimaux, je suis incapable d’en voir l’intérêt. Mais ce doit être possible. Je n’y suis plus et je n’y serai plus jamais. Estragon, Vladimir, Pozzo, Lucky, leur temps et leur espace, je n’ai pu les connaître un peu que très loin du besoin de comprendre. Ils vous doivent des comptes peut-être. Qu’ils se débrouillent. Sans moi. Eux et moi nous sommes quittes ».
SAMUEL BECKETT
Résister
Organiser la résistance. Oui, mais de quelle résistance s'agit-il ?
Lecture 26 novembre
Publie.net, 26 novembre: nous vous donnons d'ores et déjà rendez-vous le 26 novembre prochain à 18h30 au Cent, rue de Charenton à Paris, pour une présentation de nos nouvelles collections et de nos nouveautés, en présence notamment de Cécile Portier, Gabriel Franck, Clotilde Escalle et Jean-Yves Cotté. Ces rencontres sont importantes à nos yeux, elles permettent à la littérature que nous aimons non seulement de s'incarner mais de gagner d'autres espaces et d'autres dimensions. Nous espérons donc vous retrouver nombreux pour partager ces moments avec vous. (Guillaume Vissac)
Sucrier
À propos des oiseaux. Celui-ci, comme me l'a dit Frédéric, s'appelle un sucrier. Ne cherchez pas à comprendre. Mettez du sucre dans un bambou, le oiseau (plus joli à dire, non?), arrivera tout de suite et vous plongera dans les délices de la contemplation.
Ce samedi
« Ce samedi
Ma grande fille chérie,
À la faveur d’un jour de calme dans ma consultation, je viens vite passer un moment en ta compagnie. Quand tu pars, cela fait un grand vide, il me faut toujours un certain temps pour m’y habituer. Mais comme tu le disais : bientôt Noël, où tu viendras trois semaines – j’espère tout au moins. J’aimerais vous garder, toi et Léa, toujours près de moi. Ce serait le bonheur parfait. Mais il y a la vie et ses exigences.
Je pense que tu es en plein travail, bientôt ton examen. J’aimerais tant un succès pour toi.
Rien de nouveau à la maison, toujours la même vie routinière. Écris-moi, cela me fera beaucoup de bien.
Je t’embrasse très fort.
Louis »
Exposition : Colette Brunschwig au Château de Ratilly
Article paru dans le Tageblatt
Droit devant
Rentrée à l’horizon…
Vacances
Je voudrais manger le ciel.