Le Maréchal absolu
11 Avril 2013 , Rédigé par Clotilde Escalle
« Il s’est encadré, immense, dans le chambranle de la porte qui figurait le cadre de son portrait en pied. Il s’y est arrêté un instant, comme s’il avait conscience que l’éternité le retenait là, l’installait pour l’inimaginable regard des générations futures. On sentait l’homme en proie à des accès d’éternité, comme d’autres sont travaillés par de vieilles maladies tropicales. L’éternité ne prévenait pas. Elle le saisissait, dans son encadrement de bois vert foncé, en robe de chambre grenat, ceinture à glands, pyjama de soie noire et charentaises brunes. Même dans ce négligé, il ne pouvait faire autrement que figurer le négligé, représenter à la face du ciel la plus intimidante des intimités. »
(Le Maréchal absolu, Pierre Jourde, Editions Gallimard, juillet 2012)