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Le blog de Clotilde Escalle
Articles récents

Ecriture

18 Novembre 2011 , Rédigé par Clotilde Escalle

« Le premier roman, petit mongol d’écriture stagnante, avait été un échec. Mais c’était de cet avatar qu’étaient nés les autres. Et eux-mêmes n’en amenaient que de plus terribles encore, comme s’il ne pouvait y avoir ni fond ni fin dès qu’on avait trouvé le premier mot. C’était cela, la vérité : on était enchaîné et ce qui n’avait pu être qu’un jeu s’était vertigineusement transformé en un enjeu qui ne pouvait que vous conduire tout droit à la mort, vos personnages continuant de raboter en vous, même une fois assassinés d’un trait de plume. Il n’y avait pas de solution à l’écriture sinon celle de continuer et de continuer à noircir des pages, question de noyer le poisson en soi. Mais cela n’arrivait pas, ne pouvait arriver. Cela aurait été trop simple et Abel avait rapidement compris qu’il n’en allait jamais ainsi : plus on écrivait et plus on se sentait obligé d’écrire, et moins on comprenait ce qui se passait en soi et hors de soi, comme si tout finissait par se brouiller, le rêve et le réel. »

 

(Don Quichotte de la Démanche, Victor-Lévy Beaulieu, Editions Trois-Pistoles, 1998)

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Voyage ordinaire en Sévétie

23 Octobre 2011 , Rédigé par Clotilde Escalle

DRBerk. Berk. Berk. Fait l’enfant qui sait déjà en découpant des morceaux d’abeille c’était la Comtesse de Ségur souvenez-vous et la mère de la petite Sophie affairée à couper son abeille la mère la surprend. Puisque c’est ainsi lui a-t-elle dit pour te punir tu porteras ces morceaux d’abeille en collier jusqu’à ce qu’ils tombent en poussière. La mère prend le temps de sa punition. Elle trouve un lacet elle enfile les morceaux d’insecte comme des perles. Voilà c’en est fini de l’enfance de cette supposée enfance voilà comment on apprend que c’est fini désormais tous les miroirs toutes les flaques d’eau tous les étangs ne reflèteront qu’un visage étrange étranger des yeux comme des abîmes.

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Sans un mot

30 Août 2011 , Rédigé par Clotilde Escalle

DR

 

Disparue. Volatilisée. De nos vacances avec grand-mère, ne restaient plus que la chaise dans laquelle elle avait passé le plus clair de son temps, et le napperon qu’elle avait pris la peine de confectionner. Puis plus rien. Elle est partie sans un mot, marque de son plus haut mépris, ses lunettes aux verres fumés de dictateur sur le nez. Grand-mère ne supportait pas de vieillir, elle avait encore du désir, en particulier pour Tom Jones.

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"Images-lucioles"

3 Août 2011 , Rédigé par Clotilde Escalle

« Les lucioles, il ne tient qu’à nous de ne pas les voir disparaître. Or, nous devons, pour cela, assumer nous-mêmes la liberté du mouvement, le retrait qui ne soit pas repli, la force diagonale, la faculté de faire apparaître des parcelles d’humanité, le désir indestructible. Nous devons donc nous-mêmes – en retrait du règne et de la gloire, dans la brèche ouverte entre le passé et le futur – devenir des lucioles et reformer par là une communauté du désir, une communauté de lueurs émises, de danses malgré tout, de pensées à transmettre. Dire oui dans la nuit traversée de lueurs, et ne pas se contenter de décrire le non de la lumière qui nous aveugle. » 

                                              

(« Survivance des lucioles », Georges Didi-Huberman, Editions de Minuit, octobre 2009)

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Vestiges d'une chorégraphie

21 Juillet 2011 , Rédigé par Clotilde Escalle

IMG 0449 - CopieMère me déposait au cours de danse, puis elle retournait à sa colère. Potiches et costumes jetés par la fenêtre. Bureau et piano, tout y passait. Les raisons d'un tel comportement? Sa vie manquait cruellement d'érotisme.

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Révélation

29 Juin 2011 , Rédigé par Clotilde Escalle

Il a fallu toutes ces années pour comprendre que cette mise à l'écart était une solitude vomie chaque jour. Une solitude qui m'obligeait à attendre un quelconque signe d'affection, une lettre, un appel téléphonique, une invective même. Puis ce sentiment s'est transformé en une compagnie pleine, celle de l'être au creux de soi-même, dans le silence, le temps comme un point. C'est là une belle solitude, gourmande et délicieuse à la fois.

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Un plat qui se mange froid

9 Juin 2011 , Rédigé par Clotilde Escalle

DRJ'ai dégusté des sortes d'écrevisses dans des vol-au-vent. Puis, avant de mourir, je me suis souvenue du plat dans lequel elle les avait servies. Elle n'avait même pas pris la peine d'enlever le prix.

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Nouvelles

11 Mai 2011 , Rédigé par Clotilde Escalle

DR 

Ce jour-là, la rumeur donnait pour acquise la réapparition des lapins et des voleurs de tartes. Le chauffage tournait à tout va dans la maison vide. Le terrain était miné. Par chance, les framboisiers étaient intacts, et le maire avait renoncé à l'implantation d'éoliennes. Ce jour-là, si l'on s'en souvient, il faisait beau.

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Heureuse trouvaille

8 Mai 2011 , Rédigé par Clotilde Escalle

« L’odeur de cette bouche plaît à tout le monde et on se dispute pour lui donner la becquée : mange un œuf, mange une oie, mange un aigle, mange un œuf, mange un têtard, mange un crapaud, mange un œuf, mange deux œufs, mange trois œufs et meurs comme on a appris à mourir, en tirant la langue, en levant les yeux, en tirant la jambe, en levant la queue, mange comme nous mangeons, mange comme tu mangeras, mange après avoir mangé et avant de manger, mange sans pleurer, car pleurer empêche d’avaler, mange et meurs comme nous savons mourir, en tirant la langue, en levant la queue. »

(Capolican, Eugène Savitzkaya, Editions Arcane 17, 1987)

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Voracité

11 Avril 2011 , Rédigé par Clotilde Escalle

De la même famille, paraît-il...

 

 

DR

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